Photographies de Chine
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Photographies de Chine

Contexte

J’ai passé 21 mois en Chine en 2002/2003. Après un court voyage d’un mois en train, de Shanghai à Chengdu, en passant par Suzhou, Nanjing, Guiling, Yangshuo, Kunming, Dali et Lijiang, je me suis installé à Chengdu en tant qu’étudiant de chinois à l’université Jiaoda (Cf. le site éduchine). J’ai ensuite travaillé comme enseignant d’anglais dans des écoles maternelles de Chengdu et de la région environnante, dans une école primaire d’une petite ville proche de Chengdu, ainsi qu’à l’Alliance Française de Chengdu qui a ouvert courant 2003. Parallèlement, j’ai commencé l’apprentissage de la calligraphie, dans le style Lishu (dit « des scribes ») que j’apprécie particulièrement. J’ai aussi profité de ce séjour pour prendre des photos. La majorité des photos de Chine, et notamment les photos en noir et blanc proviennent de Chengdu et de la région du Sichuan, région agricole riche, encore peu développée industriellement et géographiquement diversifiée avec sa plaine entourée de montagnes et les premiers contreforts du plateau tibétain. Entre autres minorités, une partie importante du Sichuan est habitée de populations tibétaines (Cf. les photos de Tagong).

Démarche photographique

J’ai souhaité fixer certains aspects de la vie chinoise. Il s’agit ici d’une vision subjective qui ne prétend pas représenter la Chine actuelle dans sa diversité. Je n’ai pas photographié la Chine moderne, les immeubles, les grandes avenues percées récemment et offertes à la circulation de voitures de plus en plus nombreuses. On trouvera aussi peu de photos des lieux touristiques célèbres, de paysages, de photos « léchées ». Si j’en ai effectivement pris quelques-unes, elles n’apportent pas grand-chose à ce site. Je préfère des photos prises à la va-vite lors de mes déambulations.

La prise de vue s’avère parfois délicate dans la plaine du Sichuan. Été comme hiver, la couverture nuageuse et la pollution ne laissent passer qu’une faible luminosité. Pas de ciel bleu à Chengdu. Ailleurs (autour de Guilin par exemple), c’est la brume qui empêchait tout cliché réussi…

Je préfère pour mes photos une Chine qui a tendance à disparaître, celle des ruelles où l’on vit dehors, des maisons à piliers de bois et à cour intérieure, des fauteuils de bambou sur le seuil, des parties de mah-jong ou de cartes en pleine rue. La quasi-totalité des lieux que j’ai photographiés à Chengdu sont désormais détruits : place au confort moderne et à la salubrité.

Vieilles villes, vieilles rues

En arrivant à Chengdu, je m’attendais à trouver un centre-ville ancien, de vieilles ruelles étroites et sinueuses. Mon séjour de quelques jours à Kunming, où le centre ville avait été complètement remodelé entre le moment de la rédaction du Lonely Planet et mon passage, aurait dû me mettre la puce à l’oreille : tout change très vite, et l’ancien fait désormais partie des souvenirs. Une maison de plus de trois ans est déjà vieille, un logement de 50 ans doit être détruit.

À mon arrivée à Chengdu, je pensais qu’il ne restait rien des vieux quartiers, car ils étaient situés derrière des constructions plus modernes, comme s’il fallait les cacher à tout prix du regard. À chaque fois que j’ai découvert quelques îlots de vieilles maisons ou quelques ruelles, c’était juste avant ou pendant leur démolition. Actuellement, en 2004, il ne devrait rien rester des maisons de bois. Des guides touristiques paraissent en Chine, illustrés de photos noir et blanc, identifiant les dernières « vieilles villes » (gu cheng). On peut espérer y trouver au moins un bâtiment âgé de plus de 100 ans, et au moins une rue qui n’a pas été reconstruite récemment. Dans les grandes villes, Chengdu, Kunming, Xi’an et même Shanghai, certains quartiers, ou une simple rue, ont été reconstruits dans un style ancien : le visiteur européen, souvent en recherche d’authenticité historique et de vieilles pierres, sera fortement déçu par leur aspect factice.

Au moins une ville a globalement été épargnée : Pingyao, dans le Shanxi. Centre financier au temps de la dernière dynastie, la ville s’est appauvrie et les habitants n’avaient pas les moyens de reconstruire il y a quelques dizaines d’années, ce qui a sauvé les remparts et la vieille ville. Désormais protégée, la ville est devenu un centre touristique en développement.

Je vous conseille sur la Chine la lecture du livre d’éric Meyer, Sois riche et tais-toi ! On peut y lire dans le chapitre 5 dédié à la ville nouvelle :
« Hier charmant noyau de ruelles longées de maisons basses, ocre ou vert bouteille, en bois décati par les éléments, le centre de Kunming, dans le Yunnan, a été rasé pour faire place à des pâtés d’immeubles bétonnés à trois ou quatre étages, parfois surmontés, pour faire local, d’un inutile toit incurvé, dont la peinture s’écaille et disparaît sous la première morsure du soleil ou les pluies diluviennes du climat tropical. Province des éléphants, des plantations de bambous géants, de café et de cacao, province magique aux multiples royaumes disparus, le Yunnan méritait mieux pour capitale.
« Certaines villes ont été moins systématiquement brisées. Dalian, l’ex-colonie russe puis japonaise, Qingdao l’allemande, Xiamen l’insulaire et l’internationale ont entrepris leur reconstruction dans le respect du style qu’y avaient introduit les colons au début du XXe siècle. Les autres cités sont interchangeables : seuls président à leur renouveau des critères strictement fonctionnels et la spéculation immobilière. »

Et plus loin, à propos de Pékin :
« Le siheyuan, maison traditionnelle à cour carrée, n’a jamais été pensé pour durer ni été équipé pour une vie confortable. Fait de torchis et de pierre chaulée, il est reconstruit tous les demi-siècles à l’identique. Il est glacial en hiver, étouffant en été et dépourvu de sanitaires. Du point de vue des pouvoirs publics, son insalubrité est au-delà du réparable. »




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